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Quels rôles pour les banques centrales?
Bref tour d’horizon des outils à disposition des banques centrales pour rassurer les marchés.
L’or, au même titre que les matières premières dans leur globalité, fait partie des classes d’actifs massivement échangées sur les marchés financiers. Historiquement utilisé comme étalon pour les monnaies internationales, jusqu’au milieu du XXe siècle, l’or demeure un actif tangible et inaltérable dont le prix fluctue selon différents facteurs, et surtout une valeur refuge présente dans les réserves des banques centrales et dont l’intégration physique au sein des marchés financiers reste limitée.
La pandémie de la Covid-19 a changé la nature du marché de l’or, déplaçant la demande des consommateurs vers les investisseurs, qui se tournent vers les métaux précieux en tant qu’instrument de couverture et de diversification de portefeuille.
Cette appétence particulière pour la matière aurifère s’illustre par les niveaux records atteints par l’once d’or, qui a même dépassé sur le mois de Juillet la barre symbolique des 2000$ pour la première fois. Sur l’année 2020, l’or affiche une performance de +27,13% (au 24/08/2020) quand les marchés actions mondiaux s’établissent à +2,12% sur la même période.
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Les facteurs qui influencent l’évolution du cours de l’or sont multiples :
La pandémie de la Covid-19 a entraîné une augmentation globale du niveau d’incertitude concernant l’économie, forçant les banques centrales à relancer les politiques monétaires accommodantes, laissant supposer des rendements bas pour une période conséquente. Dans ces conditions, le coût d’opportunité de l’or devrait rester relativement modeste, d’autant plus que la matière aurifère, contrairement à la dette souveraine et aux obligations d’entreprise, ne fait supporter aucun risque de crédit.
La dégradation de la santé de l’économie américaine, combinée aux multiples baisses des taux de la Réserve Fédérale américaine au premier trimestre, a également provoqué une baisse du dollar américain ces dernières semaines, bénéficiant à la poursuite de la hausse des métaux précieux.
De plus, la production des mines d’or, après avoir reculé en 2019, a décliné de 3% durant le premier trimestre en raison de la fermeture des mines. Le choc d’offre est donc non négligeable, quand la demande, comme présenté dans l’introduction, s’est déplacée d’une demande physique vers une demande financière, cet équilibre dépendant de la forme de la reprise économique mondiale et en particulier de l’évolution des taux réels (taux nominaux ajustés de l’inflation).
L’évolution de ces fondamentaux justifie donc la hausse de l’or depuis le début de l’année et légitime pleinement la place que cette classe d’actifs peut posséder au sein d’une allocation.
En effet, en plus d’accroître la diversification dans l’allocation d’actifs, l’or permet de renforcer la résilience d’un portefeuille en période d’incertitudes, et la faiblesse actuelle des taux d’intérêts devrait permettre à la demande financière de se maintenir voire de poursuivre sa hausse, contrebalançant donc une potentielle baisse de la demande physique successive au ralentissement économique. Dans un scénario de reprise économique en V, une poche aurifère peut également représenter une couverture face aux potentielles pressions inflationnistes qui pourraient pénaliser la poche obligataire d’un portefeuille.
La notion de “valeur refuge” est plus que jamais vérifiable en ce qui concerne l’or, comme illustré par les performances mentionnées précédemment, et même si d’un point de vue tactique, les niveaux records atteints récemment peuvent sembler dissuasif, il peut être pertinent d’initier des positions aurifères au sein des allocations équilibrées et dynamiques pour augmenter la résilience d’un portefeuille.